Notre analyse

A propos de la réunion publique : il est difficile de dire si cette réunion du 26 mars est, ou non, plus significative que celle du 10 janvier. Dans les deux cas, force est de constater que l’opposition au projet a été tout aussi forte.
Cependant, nous partageons le sentiment que cette réunion publique n’a pas permis de prendre la mesure des enjeux de ce dossier. Notre association estime qu’on ne peut résumer l’adhésion ou l’hostilité à cet incinérateur à une ou deux réunions.
Le constat que fait ici le maire de Sainte-Savine nous oblige à nous interroger sur la faiblesse du processus démocratique qui, depuis 2012, entoure ce dossier.
Car si cette réunion a déçu les uns et les autres, c’est en grande partie l’aboutissement d’une concertation citoyenne très insuffisante pour ne pas dire absente. C’est en amont, dans le cadre d’une concertation préalable prévue par la loi, que le débat démocratique aurait dû avoir lieu. Or, cette concertation publique, large et ouverte n’a pas été organisée. Le processus démocratique s’est résumé, depuis 2012 (date de la 1ere délibération) a une seule et unique réunion publique organisée par le SDEDA.
Ce sont ces lacunes démocratiques qui peuvent expliquer le sentiment partagé sur cette réunion du 26 mars. Et c’est au regard de ces manquements que constate également le maire de Sainte-Savine, que nous demandons la suspension du projet.

A propos de la pollution : Là encore, nous partageons en partie l’analyse du maire de Sainte-Savine. Il est en effet indiscutable que les mesures de prévention et de protection sont aujourd’hui meilleures qu’elles ne l’étaient il y a 30 ou 40 ans. Permettent-elles de garantir l’innocuité de l’installation pendant ces 40 ans de fonctionnement ? Aucun scientifique ne peut le dire. Devant ces incertitudes que l’INVS [1] développe dans son rapport sur l’incinération des déchets, l’existence d’une alternative crédible à l’incinération conduit à l’application du principe de précaution. Il n’y a en effet aucun doute que l’application d’un programme de réduction des déchets digne de ce nom nous permettrait de nous passer de ce projet.
Par ailleurs, nous rappelons que la pollution des incinérateurs ne se limite pas aux dioxines. Là encore, la communauté scientifique ne dispose pas de certitudes mais elle s’accorde à dire que l’exposition à long terme de populations fragiles accroît le risque sanitaire. Il reste à savoir si ce risque vaut la peine d’être pris alors que la réduction des déchets pourrait suffire à l’éviter.

A propos des déchets : Cette question des déchets n’est pas évoquée par le maire. Elle est pourtant centrale dans ce débat. Elle se résume ainsi : Peut-on réduire les déchets de manière suffisante pour éviter la construction d’un incinérateur ou, à tout le moins, en limiter la capacité ? La réponse ne fait aucun doute. En effet, le scénario sur lequel s’appuie ce projet repose sur une baisse des OMR de 20% en 15 ans (2011-2026) alors que la seule mise en place de la tarification incitative permettrait, a minima, une baisse de 30% en 2 ans.

[1Institut de Veille Sanitaire