Ce chiffre récemment dévoilé aux élus de TCM fait suite à une opération de caractérisation des poubelles grises de l’agglomération. Il valide parfaitement les analyses sur lesquelles notre association a construit son appréciation du projet d’incinérateur et témoigne de la crédibilité des arguments que nous avançons depuis plusieurs années. Il confirme également ce que nous craignons : si l’incinérateur voit demain le jour, il brûlera en majorité des déchets recyclables, en contradiction avec toutes les préconisations formulées par l’Europe et le gouvernement.

Ces données confirment l’énorme potentiel de réduction de nos OMR dont nous disposons. Alors que chaque habitant jette actuellement environ 260kg/an/hab dans sa poubelle grise, les déchets réellement « résiduels » ne représentent que 100kg environ dans cette poubelle. L’objectif d’une réduction de 40 % des déchets permettant d’atteindre un ratio de 150kg/an/hab représente donc une perspective parfaitement crédible et même relativement modeste. La preuve de la véracité de nos hypothèses est donc désormais faite auprès des élus de l’agglomération troyenne [1].

Ces éléments confirment la caducité des trajectoires sur lesquelles a été bâti le projet d’incinérateur. Pour justifier cette construction, le SDEDA avait en effet élaboré un scénario reposant sur un ratio de production d’OMR de 220kg/an/hab à l’horizon 2026. Non seulement, le rapport commandé par TCM montre que nous pouvons faire bien mieux, mais surtout il indique que, d’ors et déjà, quelques communes de TCM qui ont envisagé la mise en place de la Tarification Incitative, ont, en deux ou trois ans, atteint des ratios (175 à 180 kg/hab) bien inférieurs à ceux imaginés par le SDEDA (220kg/hab). Le scénario du SDEDA est donc bel et bien périmé. Il nécessite d’être sérieusement ré-étudié afin de déterminer les outils réellement nécessaires pour éliminer les déchets résiduels et le dimensionnement de ces outils.

Il convient ici de redire que le cadre légal [2] nous oblige à faire de la prévention et de la réduction la priorité des politiques locales en matière des déchets. Dans cette perspective, les ratios qu’il faut envisager à moyen terme ne sont plus de 220kg/hab mais situés entre 100 et 150kg/hab. La conséquence du respect de cette hiérarchie des déchets conduit nécessairement à stopper le projet, manifestement fondée sur des scénarios erronés, revoir la capacité de l’incinération et donc son utilité réelle.
Faut-il en effet, si d’ici 5 à 10 ans, nous produisons moins de 45 000 tonnes d’OMR un incinérateur de 60 000 tonnes pour 40 ans ? La réponse est évidemment négative.
Peut-on envisager alors un incinérateur d’une capacité plus réduite, une mutualisation des installations voisines, une autre forme d’élimination (pyrolyse, gazéification…) ? Toutes les hypothèses doivent désormais être remises sur la table.

[1Rappelons que les hypothèses que nous formulons depuis plusieurs années reposent sur des données établies et des retours d’expérience en France

[2Cf. Réglementation sur la hiérarchie des modes de gestion des déchets