Les bio-déchets (à ne pas confondre avec les déchets verts de nos jardins) représentent environ 30 à 35 % du poids des poubelles. Ils sont constitués des déchets organiques que nous produisons quotidiennement : restes de repas, sachets de thé, marc de café… et finissent pour le moment dans les centres d’enfouissement. En 2025, chaque collectivité sera tenue de proposer aux habitants une solution pour collecter ou composter ces déchets.

Pour préparer ce rendez-vous, TCM vient de lancer l’expérimentation de composteurs partagés sur 4 « sites pilotes » situés à Saint Pouagne et Troyes [1]. De son côté, la ville de Pont-Sainte-Marie, en lien avec TCM, a distribué environ 450 bacs verts permettant la collecte de ces mêmes bio-déchets.

La collecte de ces déchets offre des perspectives de réduction de nos OMR très importantes. Dans les collectivités qui, en France, ont franchi le pas, cette collecte a donné des résultats plus que probants. A Lorient, où la mesure est en place depuis 2002, ce sont 36kg/hab de déchets organiques qui ont été collectés dès la première année ; 36kg immédiatement retirés de la poubelle grise [2]. En Alsace, dans la Communauté de Communes de Thann-Cernay, le ratio dépasse les 65kg/an/hab. Ce chiffre peut monter à près de 200kg/an/hab si, en même temps que les bio-déchets, sont collectés les déchets verts.

A ces chiffres, il faut ajouter le compostage domestique souvent encouragé par ces mêmes collectivités et qui détourne des poubelles grises plusieurs kilos de plus. Au total, la plupart de ces collectivités ont réduit de manière spectaculaire leurs ordures ménagères résiduelles et obtiennent des ratios d’OMR souvent inférieurs à 200kg/an/hab et parfois même de 100kg/an/hab.

A l’échelle de notre département, la généralisation de cette seule collecte (avec les performances de Lorient) permettrait quasi-instantanément d’atteindre le ratio d’OMR visait en 2026 par le SDEDA (220kg/an/hab contre 260kg/an/hab aujourd’hui). Encore faut-il souligner que ce n’est là qu’une petite moitié du gisement potentiel. L’exemple de Milan, où quasiment 100 % des bio-déchets sont collectés, permet d’imaginer que l’on dispose d’une marge de manœuvre considérable. Raisonnablement, on peut penser que cette seule mesure, si elle était mise en place avec force et ambition, permettrait à notre département de devenir l’un des plus vertueux en terme de valorisation des déchets.

Bien évidemment, la mise en place de cette mesure ne peut se faire d’un coup de baguette magique. Les expérimentations, telles que celles portées par TCM et Pont Sainte Marie, sont nécessaires pour adapter les outils de collecte en fonction des spécificités de chaque territoire. Du rural à l’urbain, de l’habitat collectif à la maison individuelle, chacun doit ainsi bénéficier de moyens de composter directement ses bio-déchets [3] ou de les trier pour une collecte séparée [4]. C’est cet effort qu’il faut développer si nous voulons à la fois réduire l’enfouissement et éviter l’incinération.

[1résidence Troyes Habitat aux Sénardes, bâtiment de restauration collective de l’école publique Cousteau, copropriété privée rue Jules-Enfroy et cantine scolaire de Saint-Pouange

[2En 2013, ce ratio atteignait les 40kg/an/hab

[3Cela peut passer par des composteurs collectifs ou individuels

[4cela peut passer par la mise en place d’une collecte spécifique ou l’implantation de points d’apport volontaire…