Notre analyse

L’essentiel de notre position sur ce vote a été donné dans l’article intitulé : La Chapelle Saint Luc vote contre le projet d’incinérateur et se tourne vers l’avenir.
Néanmoins, il convient de préciser ici quelques éléments.
La décision de la mairie que l’on peut ou non partager, ne souffre d’aucune contestation sur sa légitimité ou sa légalité.
En effet, la qualité environnementale de ce projet est étroitement liée à la quantité et la qualité des déchets qui y seront brûlés. L’un ne va pas sans l’autre. Très concrètement, les émissions polluantes et la nature des molécules varient selon que l’on brûle 60 000 tonnes d’ordures ménagères ou 30 000 tonnes de déchets économiques. Il y a donc lieu d’interroger le dimensionnement de l’installation au regard de la hiérarchie des modes de traitement [1], au regard également de l’absence de caractérisation des déchets [2], au regard de la non-prise en compte des évolutions réglementaires qui modifieront profondément la nature et la quantité des déchets brûlés [3] et qui doivent être prise en compte dans la qualité technique du projet (capacité du four notamment).
Ensuite, la qualité environnementale d’un tel projet ne se limite pas à des interrogations techniques. Elle s’entend aujourd’hui dans une dimension plus globale comme l’a parfaitement illustré la décision de l’Autorité Environnementale d’Île de France sur le projet d’Ivry/Seine. Cette AE a très récemment émis un avis défavorable à ce projet en raison notamment d’un gisement de déchets largement surestimé. Voilà ce qu’en concluait la directrice de Zéro Waste France : « Cet avis de l’Autorité environnementale confirme notre analyse : l’enjeu environnemental de ce projet n’est pas seulement celui de ses nuisances directes, mais bien de sa cohérence avec les nouvelles politiques publiques locales, nationales, et européennes en matière de réduction des déchets. »

S’agissant de savoir si « Le temps de la réflexion [était] passé », on ne peut évidemment que s’étonner de cette remarque qui, en quelque sorte, viderait l’enquête publique de tout intérêt pour les citoyens et les élus et priverait ces derniers de cette capacité décisionnaire pour un outil prévu pour 40 ans. La légitimité d’un tel projet se construit par un débat démocratique large et ouvert qui n’a, il faut le redire, jamais eu lieu. Nous le regrettons, mais nous pensons que ces avis défavorables et l’abandon éventuel de ce projet peuvent constituer pour les élus et singulièrement pour le SDEDA l’opportunité de bâtir un projet dont la légitimité sera indiscutable. Nous restons toujours prêts à travailler avec les élus et le SDEDA pour sur ce sujet.

[1Cette hiérarchie réglementaire fixe comme priorité pour les collectivités la prévention, le tri, le recyclage avant les formes d’élimination comme l’incinération. Selon nos analyses cette hiérarchie n’a pas été ici respectée, notamment en raison de l’absence de plan de prévention dans le département

[2La caractérisation consiste à étudier et analyser le contenu précis des poubelles grises

[3L’objectif de recycler 100% des plastiques et de collecter les bio-déchets en 2023 sont ici centraux